- Shiloh Atkins
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Date d'inscription : 08/06/2024
Présentation Shiloh
Sam 8 Juin 2024 - 16:06
Shiloh Atkins
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Re: Présentation Shiloh
Sam 8 Juin 2024 - 16:06
Il était une fois, mon histoire
Assise face à ma machine à coudre, je tente de faire passer le fil dans l’aiguille sans loucher comme cela m’arrive bien trop souvent. Ma chambre est dans un bordel monstre, des chutes de tissu tapissant le sol, mon lit et même une partie de mon armoire. Dans quelques mois aura lieu la première représentation de la pièce de théâtre du Lycée et j’ai été sélectionné pour créer certains des costumes de toute pièce. C’est une véritable consécration, la possibilité même de réaliser un de mes rêves en travaillant sans cesse sur ma technique. Les vêtements créés seront l’exemple parfait pour ma candidature à l’Université et pour me faire accéder à cette formation qui me fait de l’œil depuis si longtemps déjà. C’est avec un sérieux sans faille que je me donne à corps perdu dans ce projet. Tout le lycée va pouvoir voir mes créations, une de mes meilleures amies va porter l’une de mes robes, alors tout se doit d’être parfait, sans aucune erreur. Je travaille sur cette robe depuis des heures déjà, mais quelque chose ne va pas, je le sens. Qu’importe le fil que je rajoute ici ou la couture que je cherche à resserrer par-là, il manque un point essentiel. « NATHAAAAAAAN. » Il ronchonne déjà mon frère, mais même s’il traîne des pieds, il arrive dans ma chambre et tend déjà les bras pour enfiler ma création. « T’es le meilleur. » « Parle de ça à quelqu'un et je ne t’adresse plus jamais la parole. » Un baiser sur la joue pour le faire taire et déjà, je viens appliquer quelques aiguilles supplémentaires sur le patron. La longueur est parfaite, mais le tissu manque de mouvement. Je me donne le tournis à force de chercher les moindres détails et sursaute violemment lorsque la voix de Louisa résonne derrière nous. « Tu joues à la poupée ?! » Elle amène son regard critique, comme toujours. Il ne lui faudra que quelques secondes pour pointer ce qui ne va pas selon elle, pour questionner mes choix de couleur et pour me pousser dans mes retranchements. Elle est comme maman, Louisa, jamais elle ne va réellement donner un compliment sans que ce soit couplé à quelque chose qui me donne simplement envie de me surpasser pour la faire taire. « L’écoute pas, c’est génial ce que tu fais. » Un haussement d’épaule et j’aide mon frère à sortir du costume pour me pencher à nouveau sur ma couture. « Elle a raison, ce bordeaux ça va pas trop. » Je l’entends soupirer Nathan, mais il va simplement se coucher sur mon lit et rester là, à dessiner pendant que je vais défaire et refaire mon ourlet pour la centième fois. Sa présence me calme et me permet de rester concentré sur l’objectif final.
Et elle était parfaite cette robe, encore mieux que ce que j’avais pu envisager au départ.
Atkins' house, Bayside, Brisbane, 2016
De partout, on entend que les années du Lycée seront à jamais les meilleures, que la fin de cette période marque un véritable tournant dans une vie. Je pensais que c’était simplement pour nous rappeler de profiter de nos moments de jeunesse, jamais je n’aurais pu imaginer à quel point cela était vrai. Nathan n’a pas été reçu à la faculté d’art avec moi, pris de court il s'est réorienté sur une filière un peu au hasard, pour rester à Brisbane avec moi, mais il n’était pas heureux mon frère. On ne faisait que se croiser à la maison et lorsque j’ai pris un appartement avec une de mes amies, il est arrivé que l’on ne se voit pas pendant des semaines. Petit à petit, on a arrêté de se retrouver le vendredi soir, parce que j’étais trop occupé avec mes devoirs et que Nathan ne voulait pas vraiment m’entendre parler de mes cours d’art. Durant des mois, je me suis battu avec lui, pour qu’il envoie sa candidature une deuxième fois, pour l’aider à améliorer ses dessins et sa technique, mais lorsque l’échec fut doublé, il a perdu son beau sourire mon jumeau. Et la cassure à commencer…
Assise sur son lit d’adolescent, j’observe mon frère qui est en train de faire sa valise. Sans jamais croiser mon regard, il plie avec sérieux ses tee-shirt et pantalon. Hier soir, il nous a annoncés s’être engagé au sein de la Navy. Louisa n’avait même pas été surprise, elle était au courant depuis le début, alors qu’à moi, il ne m’a rien dit. « Je changerai pas d’avis Shiloh. » Il est bien là, mon problème. Ce qui m’inquiète le plus dans cette histoire, qui me paraît folle. Pourtant, c’est en me mordant la lèvre pour ne rien laisser transparaître que je hoche la tête. « Je sais, mais… Tu feras attention à toi, d’accord ? » Et enfin, il s’arrête pour venir s’asseoir à côté de moi, mon frère qui a tant changé sans que je ne m’en rende réellement compte. Son bras glisse autour de mes épaules, m’attirant avec force contre lui. « Je te le promets. » Les promesses de jumeaux Atkins, c’est pas quelque chose que l’on brise facilement. Je suis terrorisé à l’idée qu’il s’engage dans l’armée, qu’il parte loin de moi, mais il se cherche depuis si longtemps Nathan. Il est peut-être temps qu’il prenne son envol même si cela veut dire que l’on va encore se séparer, même si on ne partagera plus grand-chose. « Et tu viendras me voir à chaque permission. » « Je louperai ça pour rien au monde. » Un léger sourire se dessine sur mes lèvres alors que je viens me blottir dans le creux de ses bras. C’est la fin d’une ère, c’est le moment où les jumeaux Atkins prennent définitivement des chemins bien différents, mais en rien ce ne sera la fin de notre complicité.
Le lendemain, c’est moi qui l’ai conduit à la base, c’est moi qui l’ai retenu dix minutes de plus pour un dernier câlin qu’importe ce que gueulait l’instructeur derrière nous, car après cela, je n’allais plus voir cette autre moitié de moi durant des semaines. Et si j’ai pleuré pendant des heures caché dans la voiture papa, personne n’avait besoin de le savoir.
Marquee, Sydney, 2019
Robe de ma création sur le dos, paire de talons hauts, cheveux en chignon flou et un sourire à toute épreuve, c’est ce qui nous a fait entrer dans cette soirée. Haut lieu de Sydney, le bar est connu pour être fréquenté par tous les hipsters du coin, ceux branchés, les gens qu’il faut connaître pour réussir. Cela faisait des semaines que ma colocataire me tannait pour que l’on s’y rende et après trois refus, il a fallu sortir les armes, physiques, pour arriver à nos fins. Alors que l’on se faufile vers le bar, mon regard accroche celui du chanteur qui se démène avec ferveur sur scène. Il dégage quelque chose de particulier, une passion dans ses paroles et sa gestuelle qui m’hypnotise littéralement. C’est comme une adolescente que je me retrouve à bégayer face à lui qui a fini par me retrouver plus tard dans la soirée. Lawrence est à la tête d’un groupe plutôt connu dans le coin, il me présente à ses musiciens et je me noie dans ses paroles.
Ce qui devait n’être qu’une seule soirée, se transforme en plusieurs. À chaque moment passé à ses côtés, je tombe un peu plus sous le charme de son sourire en coin et ses rêves de musique et de grandeur. Ce qui n’était qu’une complicité amicale se transforme rapidement en bien plus, jusqu’à ce baiser échangé dans le couloir sombre d’une boîte de nuit et tous les autres qui ont suivi par la suite. Toujours dans la pénombre, jamais aux yeux de tous. Il avait une copine Lawrence, une officielle. La nouvelle aurait dû m’anéantir autant qu’elle a choqué mon frère. Oh, j’en ai pleuré pendant des heures, avant qu’il vienne me voir, avant qu’il m’embrasse et qu’entre ses bras, j’oublie tout le reste. Elle n’existait pas lorsque j’étais avec lui. Il voulait que j’arrête les conneries Nathan, que je pense à cette autre fille, mais sous le charme et amoureuse pour ce qui me semblait être la première fois de ma vie, je suis resté. J’ai accepté le rôle de l’ombre sans sourciller, j’étais heureuse. « Tu es tellement mieux qu’elle. » Qu’il ne cessait de me répéter dès que l’on se retrouvait sous les draps d’une chambre d’hôtel. C’était interdit, c’était excitant et il avait toujours les mots pour me faire oublier ce qui aurait dû être une logique implacable. Il était parfait, Lawrence et lorsqu’il a quitté l’autre pour moi, pour que l’on soit enfin heureux ensemble, c’est mon monde tout entier qui s’est illuminé. Je devenais sa priorité, il m’avait décroché un petit job comme costumière dans une compagnie de théâtre, il me traitait comme une reine.
À chaque jour, je pensais vivre un rêve éveillé sans me douter que le piège se refermait doucement autour de moi.
Lawrence and Shiloh's appartment, Darling Harbour, Sydney, 2020
Il m’a enfermé dans une bulle qui était notre et qui me plaisait tant au départ. Pour la première fois de ma vie, je vivais une vraie histoire d’amour, celle où on est incapable de se passer de l’autre, celle où on emménage ensemble au bout de quatre mois de relation, celle qui prend tout notre temps, mais qui fait battre notre cœur de manière un peu irrégulière parfois. À ses côtés, je me sentais petite fille, j’avais l’occasion de le voir évoluer dans son milieu, de le suivre dans toutes les soirées hype et de rencontrer du beau monde. C’était simple et on s’aimait avec une force qui me laissait toujours sans voix. C’est sournoisement que tout a commencer, ce n’était jamais rien de bien méchant, ce n’était jamais trop. Une remarque sur ma tenue vestimentaire, un petit commentaire désobligeant sur un de mes collègues, une insulte balancée sur le ton de la plaisanterie lorsque j’osais le déranger dans son travail. Ce n’était que la vie de couple, celle qui n’est pas toujours rose, mais petit à petit les remarques sont devenues de plus en plus régulières. Il a réussi à me convaincre de changer mes tenues pour des vêtements mon excentrique et parfois bien moins sexy, mais il jurait me trouver belle comme cela, alors je l’écoutais, les yeux fermés. Il m’a fait quitter la compagnie de théâtre, parce que Tom était trop proche de moi et que cela faisait mal à notre couple. Il m’a convaincu que c’était bien mieux de fêter mon anniversaire dans un super club de Sydney plutôt qu’à la maison avec mon frère. Il est devenu mon tout, mon monde entier ne tournait qu’autour de Lawrence et c’était normal, c’était simplement notre histoire à nous. Il a pris le contrôle de ma vie, en me persuadant dès que j’avais un doute, dès que je ne trouvais pas cela normal. Il avait de l’expérience, pas moi. Alors c’était devenu normal qu’il hurle dès que j’adressais la parole à un autre homme, c’était normal qu’il choisisse mes tenues, qu’il m’éloigne de ma machine à coudre. Il faisait cela parce qu’il m’aimait tout simplement, il m’aimait trop, c’est toujours ce qu’il disait.
Jusqu’à ce jour où son amour est devenu violent.
Je sortais tout juste de la douche lorsque mon téléphone s'est mis à sonner dans la chambre. « Babe, tu peux répondre ? » Je lui faisais confiance, je savais que Nathan devait m’appeler aujourd’hui et je ne pouvais pas rater cet appel. Il s’est empressé de décrocher Lawrence, tout comme il s’est dépêché de déblatérer quelques insultes sur un ton cruel avant de jeter mon téléphone au travers de la pièce. « Pourquoi tu as raccroché, c’était Nathan… » Ma voix tremblait, je détestais le voir dans cet état pour un simple appel. « Il te rappellera, c’est bon, on est déjà en retard. Bouge toi Shiloh, j’ai pas que ça à faire et tu mets pas une de tes robes de pute là, t’as compris ? » J’aurais dû me taire, j’aurais dû hocher la tête et dire que ce n’était pas grave, mais il a raccroché au nez de mon frère qui n’a le droit qu’à passer des appels à une heure précise. Mon frère que je n’ai pas vu depuis des mois et qui me manque tant. « T’es vraiment un connard quand tu t’y mets, je t’ai dit que je pouvais pas louper son appel. » Je me souviendrais à jamais du regard qu’il m’a lancé ce jour-là. Ses yeux sont devenus noirs, aveuglés par la rage. Il m’a empoigné le bras avec force avant de me coller une gifle qui a fait voler ma tête contre l’armoire. « Plus jamais tu me parles comme ça ! » Et il m’a jeté dans la salle de bain, en pleurs. Il ne s'est pas excusé, il est simplement parti en prenant mon téléphone et en m’enfermant dans l’appartement, pour que je réfléchisse.
Le lendemain, il est revenu à la maison avec des fleurs, un cadeau et des excuses par milliers. Il a pleuré en voyant le bleu contre mon œil, il a embrassé mon visage par cent fois et pendant des jours, il a été attentionné comme au début. Alors, je l’ai cru. Ce n’était qu’une fois, c’était sous le coup de la colère, ce n’était rien, ça ne se reproduirait jamais. On s’aimait et tout allait bien. Les violences psychologiques ont continué sans que je n’y prête plus attention, on était revenu dans notre quotidien. Il m’aimait, j’en étais certaine, il faisait cela par amour, c’est tout.
Mais cela n’a pas duré bien longtemps… J’avais préparé tout un dîner en amoureux pour fêter mon vingt-cinquième anniversaire, il n’a pas aimé ce que j’ai servi, il m’a traité d’incapable quand j’ai versé du vin à côté et alors que je lui faisais remarquer qu’il pouvait au moins être gentil avec moi, il m’a giflé une nouvelle fois, m’ordonnant de la fermer. Ce fut le coup de trop, celui que je ne pouvais pas lui pardonner. Il m’a fait peur ce soir-là, vraiment peur tant son geste était impulsif. Je ne voulais plus vivre cela, qu’importe à quel point, je l’aimais. Il fallait que je parte avant le coup de trop.
Alors, j’ai fait ma valise dès le lendemain et je suis montée dans le premier bus en direction de Brisbane, le cœur brisé, le corps en miettes et mes rêves partie en fumée.
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